la terre , le feu . La communion est si totale, la technique de l'artiste si sûre que formes et mouvements semblent naître de la matière picturale
par une sorte de dynamique naturelle.
Des eaux embrasées coulent et ondulent. Des fragments de matière brûlante
poursuivent dans le ciel un voyage sans fin. L'air leur a donné sa substance : ils ont acquis la transparence des pierres
précieuses et la légèreté de créatures aériennes; ils planent ou glissent comme la trace incandescente du vol d'un oiseau disparu.
Dans les toiles où verts et bleus manifestent la prédominance de l'eau, un signe indique souvent la présence
plus ou moins discrète du feu : une touche de rouge, ou encore cette étonnante chevelure de lumière intense qui court joyeusement
sur le bleu profond des vagues.
Même immobiles, les formes portent en elles le mouvement à venir, toujours en instance
de s'élever, de s'enfuir, de s'envoler. Le monde de Paulette Bacon est rempli de forces. Une prodigieuse énergie
anime cette somptueuse fête cosmique des commencements où, dans une explosion lumineuse, tous les éléments échangent
leurs rythmes et leurs substances.
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