Paulette Bacon a su très justement - dans la proposition large et envolée de l'horizon - dire toute la nudité de l'âme livrée à ses dérives. Elle a su ouvrir sur l'incommensurable, lire l'absence et le désespoir, dire aussi combien le peintre est "petit" face à la création du monde, face à l'envergure céleste, face à la folie du vent qui balaie tout sur son passage imprévisible.
On parle de "matière soufflée" pour expliciter la fluidité, qui permet de confondre les mouvances du sable, de l'eau, du vent additionnés. Se forment brusquement des "nuages de dunes" timidement soulignés par les "jus" qui se cherchent, s'affrontent et s'imbriquent. Ce sont des "jus" lyriques et apaisés que le geste violent emporte pourtant - irrémédiablement - jusque dans l'accomplissement total. Matières subjuguées, manières impossibles: jamais rien d'apparence incontrôlée ne fût à ce point maîtrisé. |